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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 08:56
Il ya quelques temps je t'avais parlé du jeune Seu Jorge, sambaïste un peu déjanté, accro de Gainsbourg et incroyable rythmeur dont j'étais littéralement tombé amoureux fou.

L'autre jour, flanqué du gros T., futur pilier de l'équipe du BRFC Paris, nous nous baladions dans Aix-en-Provence à la recherche de temps à tuer, que nous avons assez facilement trouvé, entre une bière au mythique Brigand, LE bar où j'ai bu ma première Guinness, tiens à ce propos comme dirait l'autre (il s'appelait Michel) il faut que je te raconte une amecdote :

Un jour, c'était la nuit d'ailleurs, et avec l'immense Platjaire nous nous étions mis en tête à tête avec quelques litres de bière histoire de voir si nous étions capables de refaire le monde une nouvelle fois après les quelques centaines qui avaient précédé (je dois dire que nous y étions assez efficaces -au refaisage de monde, pas à la picole, voyons -) et nous profitions de l'atmosphère exceptionnelle de ce petit pub aixois, probablement le premier dans la ville à servir cette stout unique à la pression, bref on bullait en s'éthylant (bullez en s'éthylant, fufufufufufufu [sur l'air de sifflez en travaillant]) lorsque nous interceptâmes une discussion savoureuse entre l'un des fondateurs du bar, un corse aujourd'hui décédé, et une irlandaise. Ca faisait à peu près ça :


"Lui : alors, qu'est-ce je te sers ?
Elle : je ne sais pas, une Guinness. A quoi vous la tirez ?
Lui : Ben on la tire à l'azote, c'est comme ça qu'elle est la meilleure.
Elle, après s'être entretenue quelques secondes avec son amie en anglais : Mais pas du tout ! Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Nous en Ireland, on la tire au Nytrogen... Ca se fait comme ça.
Lui : Pfff, qu'est-ce que tu racontes, nytrogène, c'est n'importe quoi, c'est à l'azote que ça se tire la Guinness, tu vas voir c'est comme ça qu'elle est bonne."

Et ad lib comme ça pendant une dizaine de minutes. Ca bien sûr, si on ne sait pas que Nytrogen en anglais se traduit par Azote (élément N) en français, on ne peut pas saisir tout le burlesque de la situation, l'important étant de se rendre compte à quel point ce pub est une merveille, et que j'y ai vécu de grands moments.

Mais revenons à nos moutons, enfin les miens surtout parce que finalement toi tu ne sais pas où je veux en venir, tu es pendu à mes lèvres comme le voleur au gibet, sans espoir de décrocher tellement ma verve te fascine je le sais inutile de le nier, tu es à moi.

Où j'en étais ? Avec toutes tes conneries je suis perdu, je me suis encore interrompu fort impoliment dans le seul but - peu avouable - de faire apparaître sur ta face probablement difforme un semblant d'humanité et voilà que je ne sais plus où j'en suis ah oui ça y est, avec Toniol, à Aix, on tue le temps, on se balade, on boit une bière au Brigand avec un pote qui rentre du Sénégal et on fait les librairies (et les glaciers), puis on se dirige vers la fnac, parce que c'est climatisé et que 35° c'est bon pour les touristes mais nous on n'a pas que ça à foutre.

Après avoir parfait ma collec de Donjon (des formidables Johann Sfar et Lewis Trondheim) nous nous dirigeons donc vers les disques et là, Toniol sort des bacs le Graal, le disque de reprises du grand David Bowie par Seu Jorge
dans Life Aquatic, dont je te narrais au début de ce post un peu long (qui a dit trop ?) mon amour et mon admiration pour la production d'icelui.

L'oeil luisant et espiègle, il me fait comprendre avec délicatesse que c'est le dernier, et qu'il compte bien le prendre. Eperdu de douleur je me jette sur les
rayonnages, fouillant nerveusement les bacs, jetant sans retenue derrière moi les merdes innommables que les marchands de vide essaient de fourguer aux décérébrés amateurs de TF1 comme de la musique du soleil puis désespéré, je me saisis de l'exemplaire dans la main de mon ami et me rue sur le premier vendeur qui passe par là, qui s'avère ne pas passer du tout puisque nous sommes près d'un point d'accueil où il est en train d'essayer de brancher deux de ses congénères aussi insipides que peu travailleuses.

Je lui demande :

"Bonjour (oui je sais, je lui dis bonjour, mais je suis toujours poli avec les êtres inférieurs. Les vendeurs de la Fnac ne sont-ils pas des êtres humains comme nous ?), dis-moi, c'est le dernier dans le bac. Ca veut dire que c'est le dernier en magasin ou vous en avez encore en stock ? Ca m'arrangerait qu'il y en ait un autre parce que si c'est le dernier, on va être obligés de le jouer à la bagarre et franchement je ne suis pas sûr de gagner..."

Il se saisit du disque, le passe au détecteur et se retourne, un petit sourire énervant aux lèvres :

"Bon, voilà ce qu'on va faire, vous allez vous mettre tous les deux d'un côté du magasin, je vais le jeter en l'air et le premier qui l'attrappe l'a gagné. C'est le dernier."

Je te laisse imaginer ma déception, ma tristesse, mon désarroi quand j'ai vu Toniol se saisir du précieux, mon précieux... Alors le soir, après dîner, à la Lune rousse, je l'ai étranglé, consciencieusement, et j'ai récupéré le disque, tout le monde aurait fait pareil pour mon précieux... Maintenant je l'écoute en boucle, c'est une merveille. Ca m'apaise...

Enfin plus précisément, grand prince, il l'a acheté et m'a l'a donné... ce qui est encore mieux puisque j'ai le disque gratos et je garde mon pote...

Toi aussi achète-le et écoute-le. C'est un disque du matin, de matin d'été où il fait encore un peu frais, et où on sait qu'on a le temps de finir la cafetière italienne, qu'on en relancera une autre, qu'on peut prendre le temps de parcourir une bd en mangeant un fruit avec cette musique envoûtante aux accents connus comme compagne...


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Tiens, et puis va voir sur le disco blog, il en parle un peu, et il te fait écouter un morceau de Life on Mars...
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commentaires

Q
Tu as gagné... je suis définitivement conquise ! (de là à avoir l'air d'un pendu... non pas vraiment ! mais je me dis qu'il va vraiment falloir que je lise tout ça... c'est beaucoup ! tu ne l'as pas en livre pour que je puisse le prendre avec moi dans le métro ?)
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F
Ah, il te le vaudrait mieux en Ipod ou en baladeur, non?
C
Bon...j'arrive dans la communauté . Ton blog n'a pas l'air franchement triste...je reviendrai promener ma face difforme par ici . Enfin, si tu le permets...
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F
Tu reviens quand tu veux étant un amoureux des mots...
C
BONJOUR FREDO. toujours très amusants tes gentils petits récits , je m' amuse toujours beaucoup. Nous sommes à Marseille pour quelques jours avant de repartir à Bordeaux , peux-tu faire un saut pour une bonne bierre ou plus à la maison si tu veux ? n' hésites pas une seconde , ce sera un grand plaisir pour nous .A bientôt ,et bonne écoute de disque gratos ha ha ha.Nous quatre Mamiekéké et Cricri d' Amour , Sabine et Dimitri.
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F
Ah si j'ai le courage mercredi je vous appelle...
:
Bonjour mon grand, alors en vadrouille ce W-E ?Bon dimanche.D@net.
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F
Eh non, j'ai bossé tout le week-end à ma super page de liens...
S
Bien joué, Gollum, pour un précieux pareil, rien de mieux qu'une bonne séance d'étranglage en règle ;-) SysT
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F
Rhôllum, Rhôllum !

Or, donc...

 
Time flies, comme ils disent. Les gens qu'on aime disparaissent, des horreurs se produisent, et on avance. On a le droit, on a le devoir de croire que l'omme peut s'en sortir, on a le droit de rêver, d'aimer, de rire et de chanter.
 
Le monde meilleur, il faut le faire, il faut en parler. alors on apporte notre petite contribution, et si ça ne plaît pas, au moins ça débarrasse. Ca débarrasse la tête, le ventre, le coeur.

Si tu as apprécié, participe et reviens. Il y a du blanc et du rosé au frais. Du saucisson au cellier. Du fromage qui pue à tous les étages... Le rouquin est sur la table, sers-toi, trinquons, et profitons de la vie ! Echangeons, mélangeons, partageons... 

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