Je t’avais promis que je te parlerais de la façon dont le gouvernement traite le chômage…
C’est un sujet qui commence à dater un peu, mais j’y ai repensé récemment en écoutant un sketch de Patrick Font et Philippe Val du tout début des années 80, où Patrick Font disait sous forme de boutade qu’il suffisait à un homme politique de manier la peur pour que l’électeur vote à droite.
Donc, le programme nécessaire et suffisant pour un politique de droite est de stigmatiser la différence et d’en faire un sujet de crainte pour l’électeur, et le tour est joué…
Bon c’est un peu réducteur, mais ça ressemble quand même au programme du grand petit homme de l’Intérieur, candidat déclaré à la chaude place du grand Jacquot, président du département le plus riche de France, maire démissionnaire de la ville la plus riche de France, président du plus gros parti de France, immigré hongrois à particule nobiliste (ça existe pas, je sais, c’est une licence humoristique pour faire un parallèle avec l’embouligue), j’ai nommé « tu-l’auras-reconnu ».
Mais Dieu me tripote (pas trop bas, t’as les mains froides), je m’égare un peu et je reviens sur la façon de traiter les chômeurs : la stigmatisation et la peur.
Le chômeur est un fainéant, il pue et ne bouge son gros cul que pour aller chercher ses allocations, c’est bien connu. Et c’est souvent un immigré qui profite du travail des français. Tout le monde sait ça, voyons, ils le disent à la télé.
Or donc, le gouvernement, dans un souci de salubrité publique, et pour redonner du moral à la France et aux français, les vrais, ceux qui paient les impôts, pas les assistés, a décidé que ceux-ci étaient trop chouchoutés.
Ainsi, pour les aider à être embauchés, ces fainéants, le gouvernement a créé, le 2 août 2005, le contrat nouvelles embauches (CNE) permettant aux entreprises de moins de 20 salariés de licencier leurs nouveaux embauchés sans justification durant deux ans.
Le décret qui le met en place organise le suivi... et le contrôle accru des chômeurs : sanctions graduées (- 20 %, voire - 50 %, sur l'allocation avant radiation)… Charmant.
Mais ça ne suffit pas, il reste trop d’inactifs qui profitent des allocations, oui, c’est ça, des profiteurs… Donc le gouvernement, la veille de Noël, publie un décret permettant aux agents du ministère de l'Emploi contrôlant les chômeurs d'accéder à leurs informations fiscales.
Le Canard Enchaîné du 4 janvier 2006 puis Libé du 7 janvier raconte cette belle histoire des chômeurs conviés pour un entretien « individuel » et qui se retrouvent devant une boîte privée, à 50, pour se voir proposer un stage de « remotivation » qui commence le lendemain, et loin, très loin…
Ah, au fait, le nombre des allocataires du RMI (Revenu minimum d'insertion) a progressé de 6,2% entre septembre 2004 et septembre 2005, selon les statistiques de la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf), qui verse le RMI. Tu ne sauras jamais qui paie pour le RMI ? C’est les départements. Tu devineras jamais de quelle couleur politique est la majorité des départements ?
…
Allez je t’aide, elle est pas bleue.
Pour être tout à fait franc, l’Etat est sensé aider financièrement les départements à payer le RMI/RMA. Mais d’une part, il manque des sous, puisque le remboursement est basé sur les années de référence de l’Etat, et que depuis les Rmistes augmentent exponentiellement (j’exagère un poil) et d’autre pat, les départements font l’avance à l’Etat, car ils n’ont encore rien touché, mais mis en place le système dès 2004, alors même que le gouvernement n’avait pas encore pris les décrets d’application…
En septembre 2005, 1,2439 millions de personnes étaient bénéficiaires du RMI. La hausse serait surtout due à la baisse du nombre de chômeurs indemnisés et la limitation dans le temps de l'allocation spécifique de solidarité. Le RMI se monte à 425,40 euros pour une personne seule et 893,34 euros pour un couple avec deux enfants.