16 mars 2006
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11:44
Eh, le petit lapin blanc du copain Lewis qui dit "je suis en retard" je dois être un peu sa réincarnation karmique, non? Dans tous les cas, j'arrête pas de courir, et je n'ai pas le temps de créer quelque chose d'un peu abouti cette semaine. Le mieux c'est que je te balance tout en vrac.
Sur Outreau, tiens. Hier ou avant-hier, les journalistes comparaissaient devant la commission d'enquête. Ca m'a fait penser que je n'étais pas heureux, pas content du tout de la représentation télévisée, du grand show à l'américaine sur TF1 et France 2 pour l'audition de Burgeaud.
Surtout je ne comprends pas. Pourquoi a-t-on besoin de montrer cette mascarade à la télévision? C'est de l'information, ça? On avait besoin de voir un arriviste sûr de lui se faire vilipender par des incompétents pour apprendre que tous les politiques qui se sont succédés ont toujours pris soin de laisser la justice dans l'indigence, parce qu'une justice opulente devient un vrai pouvoir, une entrave. Un juge qui fait son travail remet de l'ordre dans la société.
Je ne m'étonne qu'à moitié que la gauche n'ait pas fait ce travail. Historiquement et idéologiquement, la gauche française fait plus confiance à la loi qu'à la justice. Ca doit être une réminiscence des parlements d'ancien régime combiné avec notre vieux fond marxiste dont on n'arrive pas à se défoutre.Du coup, on laisse la droite entretenir une rivalité impensable entre la police et la justice, comme s'il y avait les bons flics qui font leur job et les mauvais juges qui ne font rien.
Il y a surtout une police choyée, avec des moyens et une justice laissée à elle-même.
Je trouve incroyablement impudique et d'une morgue insoutenable ce Fenech, juge récusé de la Haute Cour de Justice qui vient donner des leçons à Burgeaud alors que depuis des lustres ses congénères de droite essaient de mettre au pas le parquet et de réduire à la portion congrue les moyens et, partant, l'indépendance des juges... Bref.
On n'aura pas une justice qui tourne sans des moyens accrus. C'est une question de choix politique qui tourne au choix de société. Je me rappelle qu'au collège et au lycée les profs d'histoire étaient vomissaient sur "le gouvernement des juges".
Il n'empêche que si on fait des règles claires et qu'on donne aux juges les moyens de les appliquer, les relations seront plus détendues entre la police et la justice, entre les citoyens en général. On est souvent moins bons en matière de délais que les pays de l'est. On a une République d'opérette si on n'est pas foutu de faire respecter la loi qu'on crée. On doit vraiment changer d'optique, être plus pragmatique. Il ne suffit pas d'une belle construction intellectuelle, traduite par des jolis mots. Il faut quelque chose d'applicable, et d'appliqué.
D'ailleurs une fois n'est pas coutume, je suis d'accord avec Philippe Séguin et pas avec Robert Badinter.
Le sénateur, qui reste une espèce de Dieu vivant pour moi, conclut sur Ourteau qu'il faut une réforme de la procédure pénale. Il y en a sûrement besoin, mais pas d'accord, c'est loin d'être une priorité. En revanche, je suis entièrement d'accord avec le président de la Cour des comptes et donc, je le cite, dans un entretien qu'il a donné au Monde le 22 février dernier :
"Avant l'audition de la commission d'enquête parlementaire, j'ai fait part de mes réticences, dit que j'étais gêné par cette mise en accusation du juge, et que j'étais choqué de la présence des acquittés. Que cherche-t-on à mettre en cause ? La législation ? Si elle est mauvaise, aux parlementaires de faire leur mea culpa, car ils en sont les auteurs. S'il s'agit d'incriminer la pratique, incriminons aussi les conditions de travail des magistrats, et donc, indirectement, celui des parlementaires qui votent le budget de la justice. Je n'ai pas l'impression de voir poindre une réforme de la justice. A moins que ce ne soit pour dire que, à moins de 40 ans, on ne doit pas être juge d'instruction. "
Je conclus en disant: des sous pour la justice.
Et je ne parle même pas de notre société de voyeurs dont les gens adorent les faits divers, les drames, adorent mettre des noms sur les coupables avant la justice. L'affaire Dreyfuss nous avait vaccinés pour quelques temps, mais dans notre société de l'information jetable, quel mal fait-on avec une affaire Alègre, une affaire Outreau et celles à suivre? [On ferait une belle gueule si Fofana était innocent ;)]
Les journalistes n'apprennent rien et continuent à foncer tête baissée, parce qu'ils sont comme toi et moi, parce qu'au pékin de base, regardons-nous en face, il faut du sang et de la merde. Et des émotions. En plus il nous le faut vite, et de préférence servi à domicile.
Panem et circenses. Du pain et des jeux.
Tiens j'ai revu Gladiator dimanche soir et j'ai pensé au génial Rollerball avec James Caan (il vient d'être édité en dvd, achète-le).
En gros, pour acheter la paix sociale et l'amour des gens, file-leur à bouffer et donne-leur à voir la bêtise, la violence, la mort. Tant qu'il la regardent ils ne la sèment pas. Mais surtout ce constat millénaire, qui nous vient de Jules César et qui perdure aujourd'hui : l'être humain est attiré par la souffrance et la mort d'autrui.
Deux millénaires plus tard on n'est pas encore civilisés.
On a du boulot. On s'y met?
Sur Outreau, tiens. Hier ou avant-hier, les journalistes comparaissaient devant la commission d'enquête. Ca m'a fait penser que je n'étais pas heureux, pas content du tout de la représentation télévisée, du grand show à l'américaine sur TF1 et France 2 pour l'audition de Burgeaud.
Surtout je ne comprends pas. Pourquoi a-t-on besoin de montrer cette mascarade à la télévision? C'est de l'information, ça? On avait besoin de voir un arriviste sûr de lui se faire vilipender par des incompétents pour apprendre que tous les politiques qui se sont succédés ont toujours pris soin de laisser la justice dans l'indigence, parce qu'une justice opulente devient un vrai pouvoir, une entrave. Un juge qui fait son travail remet de l'ordre dans la société.
Je ne m'étonne qu'à moitié que la gauche n'ait pas fait ce travail. Historiquement et idéologiquement, la gauche française fait plus confiance à la loi qu'à la justice. Ca doit être une réminiscence des parlements d'ancien régime combiné avec notre vieux fond marxiste dont on n'arrive pas à se défoutre.Du coup, on laisse la droite entretenir une rivalité impensable entre la police et la justice, comme s'il y avait les bons flics qui font leur job et les mauvais juges qui ne font rien.
Il y a surtout une police choyée, avec des moyens et une justice laissée à elle-même.
Je trouve incroyablement impudique et d'une morgue insoutenable ce Fenech, juge récusé de la Haute Cour de Justice qui vient donner des leçons à Burgeaud alors que depuis des lustres ses congénères de droite essaient de mettre au pas le parquet et de réduire à la portion congrue les moyens et, partant, l'indépendance des juges... Bref.
On n'aura pas une justice qui tourne sans des moyens accrus. C'est une question de choix politique qui tourne au choix de société. Je me rappelle qu'au collège et au lycée les profs d'histoire étaient vomissaient sur "le gouvernement des juges".
Il n'empêche que si on fait des règles claires et qu'on donne aux juges les moyens de les appliquer, les relations seront plus détendues entre la police et la justice, entre les citoyens en général. On est souvent moins bons en matière de délais que les pays de l'est. On a une République d'opérette si on n'est pas foutu de faire respecter la loi qu'on crée. On doit vraiment changer d'optique, être plus pragmatique. Il ne suffit pas d'une belle construction intellectuelle, traduite par des jolis mots. Il faut quelque chose d'applicable, et d'appliqué.
D'ailleurs une fois n'est pas coutume, je suis d'accord avec Philippe Séguin et pas avec Robert Badinter.
Le sénateur, qui reste une espèce de Dieu vivant pour moi, conclut sur Ourteau qu'il faut une réforme de la procédure pénale. Il y en a sûrement besoin, mais pas d'accord, c'est loin d'être une priorité. En revanche, je suis entièrement d'accord avec le président de la Cour des comptes et donc, je le cite, dans un entretien qu'il a donné au Monde le 22 février dernier :
"Avant l'audition de la commission d'enquête parlementaire, j'ai fait part de mes réticences, dit que j'étais gêné par cette mise en accusation du juge, et que j'étais choqué de la présence des acquittés. Que cherche-t-on à mettre en cause ? La législation ? Si elle est mauvaise, aux parlementaires de faire leur mea culpa, car ils en sont les auteurs. S'il s'agit d'incriminer la pratique, incriminons aussi les conditions de travail des magistrats, et donc, indirectement, celui des parlementaires qui votent le budget de la justice. Je n'ai pas l'impression de voir poindre une réforme de la justice. A moins que ce ne soit pour dire que, à moins de 40 ans, on ne doit pas être juge d'instruction. "
Je conclus en disant: des sous pour la justice.
Et je ne parle même pas de notre société de voyeurs dont les gens adorent les faits divers, les drames, adorent mettre des noms sur les coupables avant la justice. L'affaire Dreyfuss nous avait vaccinés pour quelques temps, mais dans notre société de l'information jetable, quel mal fait-on avec une affaire Alègre, une affaire Outreau et celles à suivre? [On ferait une belle gueule si Fofana était innocent ;)]
Les journalistes n'apprennent rien et continuent à foncer tête baissée, parce qu'ils sont comme toi et moi, parce qu'au pékin de base, regardons-nous en face, il faut du sang et de la merde. Et des émotions. En plus il nous le faut vite, et de préférence servi à domicile.
Panem et circenses. Du pain et des jeux.
Tiens j'ai revu Gladiator dimanche soir et j'ai pensé au génial Rollerball avec James Caan (il vient d'être édité en dvd, achète-le).
En gros, pour acheter la paix sociale et l'amour des gens, file-leur à bouffer et donne-leur à voir la bêtise, la violence, la mort. Tant qu'il la regardent ils ne la sèment pas. Mais surtout ce constat millénaire, qui nous vient de Jules César et qui perdure aujourd'hui : l'être humain est attiré par la souffrance et la mort d'autrui.
Deux millénaires plus tard on n'est pas encore civilisés.
On a du boulot. On s'y met?
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