Ipod

Vendredi dernier, je me suis immiscé dans un grand magasin de fournitures électroniques et téléma-informatiques. Sur deux étages, les ustensibles s'étalent, bien rangés tout propres, dans une atmosphère fleurant bon le jus de Nerd, un savant mélange de tabac froid et de café, froid lui aussi.

Bon, j'étais à la FNAC digitale.
Les lutins en gilet or, vert et marron sautillaient de partout, c'était la pause déjeuner, l'heure où le cadre profane côtoie le dingue de micro, celui qui délaisse sa famille pour la dernière carte son prodigy.
Je débarque donc dans cette ambiance féérique, perdu, mon portable à la main.

En effet, j'ai coupé net mon câble d'alimentation. Ce dernier n'aura pas supporté le passage biquotidien des roues de mon canapé-lit sur son pauvre fil électrique. Bref, j'étais à deux doigts de ne plus avoir de téléphone.
Enfer et damnation!

Fastoche de trouver une alim. Le rayon téléphonie est clair, bien agencé.
Soudain, mon regard est attiré par une merveille de couleur verte, sur ma droite, à hauteur de poitrine (opulente de préférence). Un petit rectangle d'une dizaine de centimètres carrés me fait de l'oeil avecson mignon petit écran gris. Je le démasque tout de suite.
Un Ipod. Mini.

J'en ai pas besoin. C'est un bien de consommation superflu, j'en aurais bien peu l'usage. Il est beau, hein.

J'en ai pas besoin.J'ai jamais aimé avoir ces fils de partout qui traînent, tu sais jamais quoi en faire. Putain, 4 Go, t'en mets là-dedans!

Non, j'en ai pas besoin, loin de là, et puis j'ai pas de fric à mettre là-dedans... C'est quand même sympa, Niol a uoblié sa clé usb musicale l'autre jour à la maison, et j'avoue que c'est bien agréable de partir avec sa musique dans les oreilles le matin...

J'ai d'autres besoins, putain! Il faudrait que j'achète un costard, des chemises pour le boulot, tout ça! Ah ouais, on peut payer en dix fois sans frais....

J'ai craqué. J'ai un super Ipod mini vert, c'est le plus beau. J'ai mis plein de trucs dedans et il reste encore de la place. La dernière fois que j'ai eu un baladeur, j'étais au lycée. Je partais le matin, avec Brassens dans le crâne, qui me chantait  que plus de quatre on est une bande de cons. C'étati bien.

Aujourd'hui pareil, je pars le matin dans l'aube fraîche, mon pote Georges me parle à travers sa moustache directement dans la trompe d'Eustache, et je suis toujours un mouton de la conso...
Bon, ben je m'en fous. Ca met la pêche le matin. On arrive au boulot joyeux, réveillé, détendu, plein d'espoir dans la vie. Même si c'est faire preuve d'un peu d'autisme dans métro. J'ai un peu honte. Du coup, je suis encore plus affable, si vous voyez un taré qui sifflote: "Trompêêêêttttes, de la renommée..." en vous souriant et vous laisse la place, c'est moi...

Heureux, quoi.