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14 février 2007 3 14 /02 /février /2007 16:50




L’atmosphère est feutrée, un rayon de soleil passe à travers les carreaux sales de la devanture. Dans le fond du bar, un pianiste d’une autre époque, chapeau sur la tête et cigare au bec, joue un air de jazz lancinant. Sur le toit du piano droit, un petit singe écoute, avachi, absorbé par la musique.


Le gars se pose au comptoir et commande un whisky. Le serveur, une espèce de bonbonne au crâne rasé, luisant comme un cul de vierge, roule ses épaules de déménageur engoncées dans une chemise blanc sale et un gilet noir, saisit une bouteille de scotch et lui verse un verre. Il le pose devant le gars, sans dire un mot.


Au moment où celui-ci va s’en saisir, le petit singe, qu’il n’avait pas vu arriver, débarque à fond en glissade sur le zinc, s’arrête devant le verre, se redresse et trempe ses couilles dans le whisky du gars, médusé.


Le serveur n’a pas l’air surpris. Le gars, halluciné, recommande un whisky.


La trogne mafflue du serveur ne reflète aucune expression compassionnelle lorsqu’il se saisit une nouvelle fois de la bouteille, d’un autre verre, et ressert le client qui n’a, bien entendu, pas touché au précédent.


Le gars s’en saisit tout de suite et va porter le verre à ses lèvres lorsqu’il sent un poids inhabituel se poser sur son épaule gauche. Avant qu’il ait pu réagir, le singe a déjà sauté de son épaule dans le verre, les couilles les premières dans le whisky et se rebarre en sautillant.


Furibard, le gars se retourne vers le pianiste qui n’a pas bronché, placide sous son melon, tirant tranquillement sur son cigare en pianotant un « That Old Black Magic » un peu trop lent.


Il descend de son tabouret, s’approche du piano d’où le petit singe a disparu. Nerveusement il tape sur l’épaule du pianiste qui se retourne tranquillement, les yeux vides, sans s’arrêter de jouer.


«  - Dites-donc, vous, le singe qui trempe ses couilles dans le whisky, là, vous connaissez ? demande le gars.


- Ca me dit quelque chose, fait le pianiste d’une voix morne, sifflez-moi les premières mesures et ça va me revenir… »

 

C’est une vieille blague, une de mes préférées…


Comme la plupart de celles que je connais et comme toutes celles que j’ai racontées frénétiquement partout avec un succès jamais démenti (et un brio que je ne peux pas nier), je la tiens du meilleur ami de mon père, une force de la nature d’un mètre quatre vingt dix pour quelques kilos au-dessus du quintal, un sourire large comme l’autoroute de la vie et un regard de la douceur d’un câlin de maman un soir de tempête.


Il est mort à midi et trop jeune, emporté par une leucémie foudroyante avant d’avoir même espéré toucher sa retraite.


Pourtant il l’aimait, la vie.


Catin.

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